24. Une conclusion

Un regard de Pierre Dansereau sur les chroniques historiques[1]

Le père Louis-Marie[2] a rédigé un premier et très important éloge d’un potentiel futur agronome qui descendait de parents d’une ferme d’Outremont lui permettant de choisir librement sa propre destinée. Il y retraçait les étapes de la formidable carrière d’un étudiant de la promotion 1936 des agronomes de l’Institut Agricole d’Oka, affilié à l’Université de Montréal. Pierre Dansereau (1911-2001) détient un doctorat de l’Université de Genève depuis 1939. Il débute une fulgurante carrière de botaniste avec le frère Marie Victorin au Jardin botanique de Montréal.  Le père Louis-Marie ose même écrire que Pierre Dansereau aurait pu tout aussi bien réussir en littérature et que sa plume a toutes les curiosités du naturaliste et également beaucoup de ressources et de savoir-dire. Récemment, des professeurs de l’UQAM[3], où il a passé plus de 30 ans, ont présenté en détail les contributions de cet écologiste à partir de son riche fond d’archives qui contient plus de 30,000 documents. Récemment, le professeur Serge Payette a reçu le prix Grands Sages du fonds de recherche du Québec[4]. Nous venons ici succinctement tisser un lien entre le contenu de nos chroniques et celui des nombreuses leçons de ces précurseurs inséparables de l’agronomie du futur.

Les chroniques du dernier centenaire des agronomes de la section de Québec ont démontré que, depuis la nuit des temps, les paysans et innovateurs du monde entier ont contribué à la noble tâche de nourrir le monde. Les écologistes nous invitent à presser le pas. Nous devons convenir qu’il est grandement temps de relier les actes responsables de la sagesse agronomique historique afin de guider l’acte agronomique vers le grand défi de demain, déjà compris et vécu par les tenants de l’agrologie. Le père Louis-Marie nous rappelle que cet étudiant est demeuré près de ses confrères agronomes. Il signale même sa présence sur une photo de ses confrères lors du Congrès général de l’Amicale des étudiants d’Oka de 1943.

Nous retenons particulièrement que les agronomes Deschènes et Lavoie ont bénéficié de près des enseignements et de la pensée écologique de Dansereau. Nul doute que de nombreux autres agronomes ont bénéficié indirectement auprès d’autres écologistes du savoir de cet exemplaire professeur invité de nombreuses universités. À Rutgers University, notre confrère Jean-Marc Deschènes obtient un doctorat sous la co-direction de Dansereau en 1968. Nos chroniques démontrent que Jean-Marc a été président et directeur du Conseil de la section des agronomes de Québec. Le futur doyen de la Faculté d’Agriculture de l’Université Laval, Dr. Victorin Lavoie (1975-1980), avait aussi étudié avec Dansereau à Rutgers University dès 1956. Victorin a par la suite déposé à l’Université de Montréal sa thèse de maitrise en 1957. Il a enseigné l’écologie aux futurs agronomes, changé le mon de la Faculté d’agriculture pour Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation, et travaillé comme propagandiste des bleuetières. En 2022, Line Rochefort, spécialiste des tourbières et professeure d’écologie à la Faculté, recevait le prix Pierre Dansereau.

L’Université Laval a aussi reconnu l’importance des travaux de ce grand écologiste en lui décernant un doctorat honorifique. Son cheminement particulier et celui de certains agronomes démontrent l’importance grandissante de l’écologie en agriculture. Nous nous souvenons aussi de l’excellente entrevue verbale donnée à partir de son bureau, lors d’une l’assemblée annuelle de l’OAQ en 2010, alors qu’il était déjà presque centenaire.

Oui, à partir de la pensée de Pierre Dansereau et de celle de tous les agronomes du Québec présentés dans les Chroniques du Centenaire, nous reconnaissons et affirmons à nouveau le besoin fondamental d’exploiter la riche biodiversité des végétaux en harmonie avec les lois de l’écologie qui régissent la place de l’Homme dans la Nature[5]. Ce regard écologiste complète les chroniques du centenaire de la section de Québec.

[1]

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[2] Père Louis-Marie, 1962. L’Institut agricole d’OKA, Dansereau Pierre, page 335.

[3] UQAM (Université du Québec à Montréal), Pierre Dansereau, pionnier en sciences de l’environnement. Institut des sciences de l’Environnement : https://ise.uqam.ca/pierre-dansereau-pionnier-sciences-de-lenvironnement/

[4]https://frq.gouv.qc.ca/prix-grands-sages/?fbclid=IwAR2ZNs2ri6TKvGn5QyIwon3OFPqLfE9yAlu9gVGXFUbtXqCyk65LpOS9YUg

[5] Pierre Teilhard de Chardin, 1963. La place de l’Homme dans la Nature. Éditions du Seuil, 173 pages.