15. Les contributions de la Section de Québec (CARQ)

De 1937 à 1973, le conseil général de la Corporation des agronomes de la province de Québec et les conseils de ses sections désirent améliorer le sort des agronomes. Les principaux buts sont : le rayonnement de la profession, la reconnaissance légale, le perfectionnement des membres et la valorisation du travail des agronomes par des salaires et des conditions de travail équitables avec les autres professions. Les agronomes veulent démontrer l’impact économique de l’acte agronomique. Regroupés en association, ils représentent une force économique pour des achats groupés. Les agronomes de la région de Québec contribuent significativement à situer leur rôle dans la société.

Tout au long de la période de la Corporation, la Section de Québec est animée d’une vie associative favorisant l’appartenance et l’entraide, permettant de mener ou de collaborer aux principaux combats de la profession. Une attention particulière est portée à recueillir et à faire cheminer les besoins et les opinions des membres.

Prenez note que le terme « Corporation » désigne la Corporation des agronomes du Québec (CAQ) et la Corporation des agronomes de la province de Québec (CAPQ). Les termes « Section » et « CARQ » réfèrent à la Corporation des agronomes de la région de Québec ou la Section de Québec.

Les réunions du Bureau de direction de la CARQ et les assemblées de ses membres traitent à la fois des affaires de la Corporation, du professionnalisme, de l’actualisation et de l’ajout des connaissances et, des habiletés professionnelles. À la lecture des procès-verbaux et comptes rendus de la CARQ, la préséance allouée aux affaires de la Corporation et au développement des compétences, varient selon l’équipe de direction en place et selon son président.

Les comités, les cercles et séances d’études, les causeries, les assemblées des membres, les activités de formation et l’assemblée générale annuelle sont utilisés. Un comité des activités sociales et sportives, en présence des conjointes, est mis en place dès les années 1950.

Dans les débuts, les moyens de communication et de transport sont tels que les rencontres se tiennent, le plus souvent, le jour ou en fin d’après-midi au ministère de l’Agriculture, à l’édifice appelé « édifice de l’Agriculture », désigné l’« édifice D » à partir de 1937 et Édifice Jean-Antoine-Panet depuis 1997.

La Section de Québec, par sa proximité avec les instances gouvernementales et la Faculté d’agriculture, à partir des années soixante, a bénéficié de la présence des décideurs du ministère de l’Agriculture et des professeurs à son bureau de direction et à ses assemblées. De 1937 à 1942, le siège social de la Corporation est situé à Québec. À l’époque, le principal employeur des agronomes est le ministère de l’Agriculture.

Pour apprécier la contribution de la Section de Québec, les quatre prochaines chroniques, présentent les principaux acteurs, des demandes et des collaborations et, des sujets de l’heure qui, pour la plupart, ont fait l’objet d’activités de perfectionnement. Ces informations sont tirées des archives de la CARQ, de 1938 à 1973. Pour les chroniques 17 à 20, nous utiliserons les quatre périodes de l’historien François Hudon : la fondation (1937-1942), le rayonnement de la profession (1943-1952), l’amélioration du statut professionnel (1953-1962) et la transition de la Corporation des agronomes à l’Ordre des agronomes (1963-1973). (1)

Vous constaterez, avec nous, que l’âge d’or du développement de l’agriculture québécoise coïncide avec la période de la Corporation.

Auparavant, nous vous proposons trois sujets qui ont marqué le temps de la Corporation de 1937 à 1973, soient : le mandat de recrutement alloué aux sections, l’affaire Mercier et le Bill 48 du gouvernement du Québec et les salaires et conditions de travail des agronomes.

Sources :

1 : François Hudon, historien, L’action agronomique au Québec, Ordre des agronomes du Québec, Juin 1987.

15.1 Le mandat de recrutement alloué aux sections

Au temps de la Corporation, 1937-1973, le recrutement des bacheliers en sciences agricoles sur le marché du travail et le repêchage des étudiants en agronomie sont des mandats prioritaires alloués aux sections. Bien que permanent, les temps forts du recrutement sont les grandes campagnes de la période de la fondation de la Corporation, de 1935 à 1942, et lors de la transition à l’Ordre des agronomes du Québec (1970-1975). Le principal obstacle rencontré a été le Bill 48 en 1945.

En matière de recrutement, la Corporation provinciale demande à ses sections d’accomplir diverses fonctions sur leur territoire respectif :

  • Identifier annuellement les bacheliers en sciences agricoles en emploi;
  • Acheminer au secrétaire général la liste et les coordonnées des professionnels recrutés et ceux qui devraient être membre de la Corporation;
  • Rencontrer et solliciter les candidats qui retardent à se conformer;
  • Percevoir les contributions annuelles et les arrérages;
  • Retenir la part de la section et remettre le solde au secrétaire général de la Corporation.

Pour remplir ces mandats, le Bureau de direction de la CARQ utilise des comités de recrutement de jeunes gradués et de repêchage d’anciens. Il participe à élucider les motifs invoqués pour s’abstenir de joindre la Corporation. Il demande à son comité de solidarité d’aider les agronomes dans l’incapacité de payer la cotisation annuelle ou les arrérages.

Ce mandat n’est pas chose simple. Plusieurs employés provinciaux et fédéraux ne se considèrent pas tenus de faire partie de la Corporation.

Dans les débuts de la Corporation, un des freins à l‘adhésion est le fait qu’il est difficile, même impossible pour certains, de payer leur cotisation annuelle ou leurs arrérages. Ce problème est récurrent. Avec le temps, l’amélioration des salaires des agronomes, l’attrait des assurances collectives, la défense collective et surtout le rappel du Bill 48 facilitent le recrutement.

En 1956, « En collaboration avec l’Institut d’Agriculture du Canada, la Corporation publie une brochure bilingue sur les carrières agronomiques. Le tirage initial est de 15,000 exemplaires. La brochure vise à montrer toute la diversité des carrières accessibles aux gradués en agronomie. » (1) Elle a permis de diffuser le nom de la Corporation à travers le Canada.

Pour exprimer la complexité du mandat de recrutement des sections, voici quelques faits énoncés : En 1957-1958, l’effectif de la CARQ est de 162 membres, 3 de plus que l’année précédente. Une trentaine de confrères ne sont pas membres de la Corporation dont la moitié sont des cas désespérés. Le Conseil de la Section demande à la Corporation un délai pour laisser le temps d’action au comité de recrutement avant de procéder à la radiation. En 1959, la Section compte 158 membres et 60 à 70 confrères, qui travaillent sur son territoire, ne font pas partie de l’association professionnelle. Au Québec, en 1955-1956, environ 300 bacheliers en sciences agricoles ne sont pas membres de la Corporation. Pour les arrérages, les sommes exigées varient selon l’obligation ou non d’être membre de la Corporation. De plus, la réintégration des membres dissidents, au sein de la Corporation, pose certains problèmes. (2)

Il est mentionné à quelques reprises que des chefs de service du ministère de l’Agriculture participent au recrutement des membres de la Corporation. À la fin des années 50, il est convenu d’adresser une demande au ministère de l’Agriculture pour obtenir la liste des agronomes a son emploi, sur le territoire de la Section.

En 1954-1955, la Section s’associe au projet de recrutement des jeunes par des conférences dans les collèges classiques de la région.

L’arrivée de la Faculté d’Agriculture sur le Campus de l’Université Laval, en 1962, ajoutent à la Section de Québec le mandat de repêchage des étudiants en sciences agricoles. La direction de la Faculté et l’association étudiante collaborent à l’organisation d’activités conjointes.

De plus, il ne faut pas passer sous silence les demandes aux sections pour le recrutement de nouveaux membres pour les assurances collectives, la vente et le renouvellement d’abonnements et la sollicitation d’annonces publicitaires pour la revue Agriculture et le financement des congrès.

Sources :

1 : Jean-Baptiste Roy, Histoire de la Corporation des agronomes de la province de Québec, 1937- 1970, p. 119. 2 : CARQ, procès-verbaux et comptes rendus du Bureau de direction, d’assemblées générales et l’assemblée générale annuelle, 1948-1972.

2 : https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/2980914?docref=0hjFfVCvtqwrPYZiE-Cb1w&docsearchtext=Comit%C3%A9%20d%20%E2%80%99%20Etude%20sur%20l%20%E2%80%99%20Enseignement%20Agricole%20et%20Agronomique

15.2 L’affaire Mercier et le Bill 48 du gouvernement du Québec

Avec la Loi des agronomes de 1942, l’État déclare l’existence légale de la profession. Cette reconnaissance allait de pair avec la protection légale de l’exercice de la profession; objet principal et permanent de la Corporation, depuis 1937. L’affaire Mercier et le Bill 48, viennent ternir l’élan de sa mise en œuvre et a pour effet de resserrer les rangs des agronomes.

En 1941 et 1942, les agronomes font face, dans un premier temps, à l’opposition du gouvernement Godbout à leur projet d’une charte et il se ravise par la suite. Après une multitude de démarches et de modifications apportées au projet de la charte, les agronomes obtiennent leur première loi professionnelle incluant l’exclusivité du droit de pratique.

Un discours du président de la Corporation, William Houde, lors du Congrès de 1942, décrit bien l’esprit des agronomes : « Notre charte définit les conditions d’admission à l’étude et à l’exercice de la profession. Elle précise tous les cas de dérogation à l’honneur professionnel. Elle exclut ses membres indignes. Elle assure à la classe agricole et à la société que l’agronome qui est chargé de faire l’éducation des cultivateurs n’est pas un charlatan mais un homme dont la compétence, la probité professionnelle portent une double garantie, celle de l’Université et celle de la Corporation. Il est donc naturel de nous attendre à ce que les fonctions officielles d’éducation et de vulgarisation de la science agricole soient remplies exclusivement par des membres de la Corporation des agronomes de la province de Québec. » (1)

La Corporation constate que plusieurs confrères bacheliers en sciences agricoles pratiquent l’agronomie sans être membre de la Corporation. Pour le respect de sa loi, elle présente une cause devant les tribunaux, celle de Jean-Charles Mercier, instructeur en aviculture au ministère provincial de l’Agriculture. Faute de détenir un diplôme reconnu par la profession, la Cour supérieure du Québec, le 19 mai 1944, rend son jugement en faveur de la Corporation.

L’État nie l’obligation d’être agronome à son personnel qui pratique l’agronomie et porte la cause en Cour d’appel. Le ministre de l’Agriculture, Laurent Barré : « craint que la Corporation n’ait en vue un monopole sur la direction des affaires de l’agriculture. » (2) La Cour d’appel rejette la demande du procureur général. Le jugement prouve que « la charte des agronomes leur assure le contrôle sur le titre d’agronome; l’exclusivité des fonctions agronomiques; et la protection de la dignité et de l’honneur professionnels. » (3)

L’année suivante, l’ambiance est ternie par l’adoption de la Loi modifiant la Loi constituant la Corporation des agronomes de la province de Québec. Le Bill 48 renverse la décision des tribunaux. L’alinéa suivant est ajouté à l’article 39 traitant de l’incapacité d’exercer les fonctions d’agronomes: « Le présent article ne s’applique pas aux personnes engagées comme agronomes au service de la province ». (4)

Avec le Bill 48, les agronomes du ministère de l’Agriculture étaient membres à titre volontaires, sans obligation de leur part. Le procès–verbal de l’AGA de la Section de Québec, du 2 mai 1955, relate le cas d’un agronome à qui la Corporation réclamait un solde de 10$ sur sa contribution de 1951. Le cas ayant été étudié « Les directeurs présents ne voient pas comment il serait possible d’exiger de M. Poliquin le paiement de cette somme puisque M. Poliquin a toujours été à l’emploi du ministère de l’Agriculture du Québec. On sait qu’un amendement à la loi constituant la Corporation des agronomes exempte les employés du gouvernement provinciale de l’obligation de faire partie de la Corporation des agronomes. » (5)

Selon Jean-Baptiste Roy : « En définitive, le bill 48 a pour effet, entre autres, de constituer l’union sacrée chez les agronomes les mieux pensants autour de l’idéal professionnel. » (6)

L’article 39 de la Loi des agronomes a été remis en question régulièrement jusqu’à la sanction du Bill 35 en 1961 qui rétabli la Corporation dans ses droits. (Voir chronique 19.1)

Sources :

1 : Jean-Baptiste Roy, Histoire de la Corporation des agronomes de la province de Québec, 1937- 1970, p. 84, réfère au discours du président William Houde lors du Congrès de la CAPQ, 29 juin 1945.

2 : Jean-Baptiste Roy, Histoire de la Corporation des agronomes de la province de Québec, 1937- 1970, p. 81.

3 : François Hudon, historien, L’action agronomique au Québec, Ordre des agronomes du Québec, Juin 1987, p. 40.

4 : Bill No 48, Loi modifiant la Loi constituant La Corporation des agronomes de la province de Québec, Assemblée législative de Québec, Première session, 1945. Voir : https://www.bibliotheque.assnat.qc.ca/DepotNumerique_v2/AffichageFichier.aspx?idf=195357

5 : Corporation des agronomes de la province de Québec, Section de Québec, Procès-verbal, AGA, 2 mai 1955, item 9 Divers. 6 : Jean-Baptiste Roy, Histoire de la Corporation des agronomes de la province de Québec, 1937- 1970, p. 85.

15.3 Les salaires et conditions de travail des agronomes

Après la mise en œuvre de l’action agronomique provinciale suivent les dépôts de nombreux mémoires et interventions en lien avec le traitement des agronomes. Les efforts de la Corporation portent principalement sur l’amélioration des conditions des agronomes par la classification des emplois, les échelles salariales et les assurances collectives. L’amélioration du sort des agronomes passe aussi par l’organisation du travail, la compétence du membre, sa capacité d’intervention professionnelle et son professionnalisme.

Nés en 1921, au lendemain de la première guerre, en pleine relance économique, suivi de la plus grande crise économique du XXe siècle, les agronomes ont tendance à se comparer et à se consoler en comparaison avec les conditions du temps.

En temps de récession des années 1930, l‘État considère qu’ils doivent être heureux de gagner quelques centaines de dollars, d’avoir la mission de participer au développement économique et de faire plus pour la classe agricole. Plusieurs agronomes doivent utiliser leur voiture à leur frais et le salaire à l’embauche a tendance à être fixe pendant plusieurs années.

Il semble bien que les salaires et conditions de travail aient été, outre la reconnaissance professionnelle et le besoin d’assurances collectives, la principale raison de se regrouper en association professionnelle.

Par suite de la reconnaissance légale de la profession et de l’amélioration de l’économie québécoise des années 1940, les agronomes demandent la reconnaissance de salaires proportionnés au statut professionnel. Il devient prioritaire de plaider la cause auprès des employeurs, un processus qui s’avère long et exigeant.

À la suite de cercles d’études dans ses sections, la Corporation dépose, dès 1943, son premier mémoire sur les conditions générales de travail et de traitement des agronomes au service de la province, à la nouvelle Commission du service civil provincial. Elle réclame « un réajustement de traitement ainsi que de meilleurs conditions de travail pour tous les membres de la Corporation qui sont les moins bien rémunérés de tous les professionnels. » (1)

Un deuxième mémoire est déposé en 1944. Lors d’une rencontre, le 6 décembre 1944, le ministre de l’Agriculture, Laurent Barré (Laurent Barré — Wikipédia (wikipedia.org)) affirma « qu’il ne lui entrait pas dans la tête qu’une personne qui avait étudié 20 à 25 ans put être engagé à $1,200, $1,400, et même $1,600 par année. » (2)

En 1945, « la Corporation crée un comité chargé de classifier les fonctions agronomiques. Cette étude est adressée, le 13 octobre 1946 au président de la Commission du service civil. Dans ses revendications, la Corporation obtient l’appui de la Société de Pomologie et de la Fédération canadienne de l’Agriculture, et elle invite l’UCC à faire de même. » (3) Elle dépose aussi un mémoire concernant le traitement et les conditions de travail des agronomes au service de la ville de Montréal.

Lors d’une rencontre avec le ministre de l’Agriculture, Laurent Barré et le président de la Commission du service civil, le 10 janvier 1947, les agronomes apprennent que « Le travail de la Corporation a porté fruit : aucun agronome ou assistant-agronome engagé par le gouvernement n’est payé moins de 2 600 $ par année dans le premier cas et 1 600 $ dans le second, depuis juillet 1946. Certains ont même vu leur salaire passé de 1 600 $ à 3 000 $. » (4)

« Malgré les bons points qu’elle venait de marquer, la Corporation entreprit, le 23 septembre 1947, une enquête sur la condition, les occupations, fonctions et salaires des agronomes. » (5) L’agronome de comté est la référence. Avec le temps on voit apparaître les titres d’agronome, d’assistant agronome, de secrétaire et de directeur de services agronomiques.

« Le salaire moyen des agronomes, de 1935 à 1952, est passé de 1 650 $ à 3 000 $ et il s’en faut encore 1 000 $ pour que l’objectif visé par la Corporation ne soit atteint. » (6) « Le 16 juin 1955, le traitement annuel moyen des agronomes au dit ministère est de 3 476 $. Celui des chefs de service était de l’ordre de 6 000 $. Les agronomes de comté commençaient à recevoir 4 000 $. L’entreprise privée engage des finissants en agronomie avec un traitement initial de 3 600$ et plus. Parvenus au rang de chef de service, ils obtiennent entre 8 000 $ et 10 000 $. La Corporation continue de collaborer avec l’Institut d’Agriculture du Canada à l’amélioration des traitements des employés civils fédéraux. » (7)

À la suite de ces gains réels, la Corporation et ses sections étudient régulièrement les conditions de travail et les salaires des membres, établissent des constats, font des comparaisons avec les autres corps professionnels, produisent des mémoires et multiplient les actions auprès de la fonction publique, le principal employeur, escomptant des effets chez les autres employeurs.

Sources :

1 : Jean-Baptiste Roy, Histoire de la Corporation des agronomes de la province de Québec, 1937- 1970, p. 78.

2 : Jean-Baptiste Roy, Histoire de la Corporation des agronomes de la province de Québec, 1937- 1970, p. 82.

3 : Jean-Baptiste Roy, Histoire de la Corporation des agronomes de la province de Québec, 1937- 1970, p. 86.

4 et 5 : François Hudon, historien, L’action agronomique au Québec, son histoire-son œuvre, Ordre des agronomes du Québec 1987, p. 60.

6 : François Hudon, historien, L’action agronomique au Québec, son histoire-son œuvre, Ordre des agronomes du Québec 1987, p. 66.

7 : Jean-Baptiste Roy, Histoire de la Corporation des agronomes de la province de Québec, 1937- 1970, p. 117.

8 : Laurent Barré, Wikipédia