Membre depuis 2013 de la section Côte-du-Sud renommée Capitale-Nationale – Chaudière-Appalaches en 2021, Mme Vialle est une agronome qui œuvre aujourd’hui au sein du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques à titre de conseillère à la direction adjointe de la matière organique. Elle a toutefois passé la majeure partie de sa carrière auprès de Biopterre où elle a gravi les échelons jusqu’au titre de directrice scientifique. En 2018, elle a obtenu la première licence de production de cannabis pour la recherche en agronomie ce qui lui a valu plusieurs mentions. Apprenez-en davantage sur cette professionnelle optimiste à travers ce portrait d’agronome.
Pourquoi avez-vous choisi de devenir agronome ?
Par amour des plantes !
Pour vous, être agronome c’est… :
Protéger les producteurs, les consommateurs et l’environnement.
Protéger les gens et la planète grâce à une meilleure compréhension et application de l’ensemble des opérations nécessaires à la production de végétaux et d’animaux utiles dans notre vie .
Quelles sont les qualités essentielles d’un bon agronome et pourquoi ?
L’adaptation et l’ouverture d’esprit ! En effet, les productions agricoles sont tout autant dépendantes de la variabilité humaine que celle de la nature ! C’est même une des caractéristiques du vivant ! De plus, je travaille, depuis de nombreuses années maintenant, en R&D et innovation, donc il est important d’accepter cette variabilité et de s’adapter en conséquence. Au final être agronome c’est être en mode solution !
Quel est votre emploi actuel ?
Durant cette dernière année, j’ai profité de la pandémie et de la mise en télétravail pour explorer de nouvelles voies professionnelles. Après une décennie dans le milieu de la recherche industrielle et du transfert de technologie au niveau des bioproduits et biotechnologies agricoles et horticoles, j’ai choisi de rejoindre le domaine gouvernemental et réglementaire au sein du Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC). Mon expérience en développement de produits issus du vivant et des matières organiques résiduelles associée à mes connaissances agronomiques m’aident tous les jours dans mes nouvelles fonctions de conseillère en expertises et politiques à la direction adjointe de la matière organique.
Comment, dans votre travail, contribuez-vous au secteur de l’agriculture ou de l’agroalimentaire québécois ?
Mon travail au sein du MELCC est extrêmement varié ! Évidemment dans le cadre de mes fonctions la caractérisation, la gestion, le recyclage ou encore la gestion des risques environnementaux des matières résiduelles fertilisantes (MRF) font désormais partie de mon quotidien. Mon profil me permet de travailler avec des dossiers présentant des défis qui n’étaient pas prévue au niveau réglementaire, souvent issus de l’innovation et du transfert technologique (nouvelles MRF, nouveaux procédés de traitement et de transformation de la matière organique par exemple). Dans ces cas, les risques environnementaux associés à l’utilisation de ces matières en milieu agricole sont souvent moins connus, ou du moins peu référencés. L’enjeu est donc de s’assurer de minimiser ces risques pour le milieu preneur que représente le monde agricole, tout en s’assurant de ne pas décourager des belles initiatives de valorisation de la matière organique et de son potentiel pour la santé de nos sols agricoles ! Tout un équilibre à correctement pondérer !
Comme professionnel œuvrant en lien avec l’agriculture et l’agroalimentaire, réussissez-vous à voir l’avenir avec un œil optimiste ?
Définitivement, oui ! Le monde agricole, même s’il peut paraitre conservateur au premier abord, regorge des personnes innovantes qui veulent produire efficacement et différemment. Ces producteurs sont ouverts et aiment tester des nouvelles choses, particulièrement si cela permet d’améliorer notre gestion environnementale. Les méthodes de productions se modifient chaque saison et je pense que cela va dans le bon sens !
Votre plus grande réalisation, à ce jour, en tant qu’agronome ?
L’obtention d’une des premières (peut-être même la première à ce que l’on m’a dit) licences de production de cannabis à des fins de recherche agronomique en 2018 après plus de 2 ans de discussions avec Santé Canada. En effet, mes démarches ont commencé en 2015-2016, soit avant même que la légalisation du cannabis récréatif soit au programme politique. Mon objectif était de mieux connaitre cette production, alors encore confinée à la production médicale exclusivement, sur le plan agronomique afin de pouvoir identifier les besoins et apporter de solutions pour la stabilisation des rendements, l’identification et la lutte contre les maladies et ravageurs. A cette époque c’était une première de demander une telle licence seulement pour regarder le comportement de la plante. Santé canada était pas mal plus habitué par des demandes de tests cliniques ou d’effet des cannabinoïdes sur les humains. Ils étaient donc surpris que je leur affirme qu’à la fin de la production, après récolte tout serait détruit et rien ne serait consommé ! Une de mes fiertés dans ce dossier est surtout d’avoir convaincu Santé Canada de l’importance de la recherche agronomique et des recommandations qui peuvent en découler pour ce genre de production atypique. Finalement le hasard a voulu que j’obtienne cette fameuse licence au moment même du changement de loi et de la légalisation, ce qui a eu son petit effet dans la communauté ! C’est aussi en partie à travers cette expérience que je me suis rendu compte de l’importance de mieux comprendre les cadres réglementaires qui entourent notre profession, et que l’évolution de ces cadres font partie intégrante de l’application des innovations futures !
Qu’aimeriez-vous réaliser à court/moyen terme dans votre profession ?
Concrétiser de nouveaux débouchés de valorisation des matières organiques et si possible à valeurs ajoutées pour le milieu agricole ! En effet, mon passé en développement de produits et la R&D me permet d’avoir une vision à moyen terme des débouchés potentiels à ce niveau. Cependant, la règlementation n’encadre pas ce qui n’existe pas encore, ce qui est logique quand on y réfléchi et ce qui est peut-être perçu au premier abord comme un frein du côté des promoteurs. Ainsi j’aimerais à moyen terme contribuer à la fluidité au niveau réglementaire lors de la mise en marché et l’application de ces nouvelles solutions !
EN RAFALE :
Votre objet personnel auquel vous ne pourriez-vous passer pour faire votre travail (autre que téléphone et ordinateur) : Ma loupe de diagnostic terrain (après tout je suis phytopathologiste à l’origine !)
Votre aliment québécois favori : Le Grey Owl de la fromagerie Le Détour
Une devise qui colle bien avec votre manière de penser : Sur un malentendu, ça peut toujours marcher !
Votre lieu favori dans votre région : Difficile de choisir, mais je dirais la plage à Rivière-Ouelle en face du camp Canawish. Mais si vous me reposez la question demain, il est possible que je vous donne un autre endroit. La région est tellement belle !