Conseiller adéquatement les producteurs de pommes de terre en regard des règles de l’art et de la réglementation sur les pesticides
Les agronomes qui conseillent les producteurs de pommes de terre établissent leur recommandation de pesticides en suivant le Guide de bonnes pratiques visant à réduire l’utilisation et les risques associés à l’utilisation des insecticides de la famille néonicotinoïde (imidaclopride, clothianidine, thiaméthoxame). Cet article vise à résumer les principaux éléments de ce guide que l’agronome doit considérer pour être conforme aux règles de l’art en phytoprotection et aux exigences de la réglementation sur les pesticides.
Les néonicotinoïdes homologués dans la pomme de terre peuvent être utilisés pour différents modes d’application, dont pour le traitement des plantons, au sillon ou foliaire. Les modes d’application sont indiqués à l’étiquette du pesticide. Certains néonicotinoïdes sont homologués pour les différents modes d’application. Si tel est le cas, depuis le 1er avril 2019, leur utilisation et leur achat nécessitent une justification et une prescription agronomiques signées par le même agronome selon le Code de gestion des pesticides (CGP) et ceci, peu importe le mode d’application choisi par le producteur de pommes de terre.
Lorsqu’un néonicotinoïde est homologué uniquement pour le traitement des plantons (considéré comme une semence), dans ce cas le pesticide n’est pas visé par la justification et la prescription agronomique. En effet, selon la réglementation sur les pesticides, la pomme de terre n’est pas une culture visée à la classe 3 A des semences enrobées de néonicotinoïdes. Toutefois, selon les règles de l’art en phytoprotection de l’Ordre des agronomes, tous conseils d’un agronome associés à l’utilisation d’un pesticide nécessitent une recommandation agronomique basée sur des données et des observations relatives à la présence des ennemis des cultures. Ces données doivent être relatives à l’exploitation pour laquelle la recommandation sera émise. Toutes recommandations en phytoprotection doivent être classées dans le dossier du client.
Selon la pratique agronomique dans la culture de la pomme de terre, l’agronome doit appliquer les règles de l’art suivantes :
- peu importe la méthode de traitement du producteur, l’agronome doit établir des stratégies d’intervention visant à réduire l’utilisation et les risques associés aux néonicotinoïdes en misant sur d’autres méthodes alternatives et/ou des produits de remplacement;
- les stratégies d’intervention s’appuient sur une démarche professionnelle qui tient compte des éléments suivants :
- déterminer le niveau de pression des principaux ravageurs (légère, modérée, élevée) en effectuant le dépistage des insectes;
- gérer la résistance des insectes aux insecticides (rotation des groupes chimiques des pesticides et intégrer une rotation des cultures);
- considérer les indices de risque des pesticides pour l’environnement et la santé;
- élaborer la stratégie d’intervention selon le niveau de pression des insectes, en se servant des principaux points de réflexion présentés au tableau 5.5 du guide;
- recommander aux producteurs et employés de porter des équipements de protection individuelle adaptés au mode d’application choisi;
- respecter les conditions et restrictions des étiquettes des néonicotinoïdes
Le rôle de l’agronome qui conseille les producteurs de pommes de terre doit viser à réduire l’utilisation et les risques des néonicotinoïdes pour ce secteur de production.
Par ailleurs, l’Ordre propose aux agronomes de faire la promotion d’un plan de phytoprotection auprès des producteurs de pommes de terre, car cet outil permet de consigner, d’année en année, des données et des informations importantes visant à réduire et gérer les risques associés aux pesticides. Aussi, on encourage les agronomes à recommander les bonnes pratiques culturales et de conservation des sols.
Pour consulter le guide de bonnes pratiques.
Raymond Leblanc, agr., M Env., MBA
Conseiller en pratique professionnelle