Consommateur, agriculture et valeur en 2019 : une question d’information?
L'Ordre des agronomes du Québec remercie l'Université Laval d'être l'un des principaux partenaires de son congrès annuel. Voici un texte signé de son partenaire.
L’alimentation occupe une place grandissante dans le débat public. Les consommateurs d’aujourd’hui se soucient du goût et de la qualité des produits, mais aussi des impacts de leur consommation sur leur propre santé et celle de la planète. Généralement éloignés de la production agricole et de la transformation industrielle, ils se renseignent de plus en plus sur la façon dont est produite leur alimentation, et recherchent davantage de transparence.
Répondre à ces exigences du consommateur implique de repenser l’organisation des systèmes de production, de transformation et de distribution. Pour les filières, l’un des enjeux est alors de capturer adéquatement la valeur que les consommateurs accordent à une alimentation produite différemment.
Or, les exigences des consommateurs ne se reflètent pas toujours dans leurs décisions d’achat, qui semblent toujours en premier lieu motivées par les prix, loin devant les modes de production. A première vue, les consommateurs ne sont pas prêts à payer davantage pour leur alimentation.
Seraient-ils incohérents ? Rien n’est moins sûr. Les sciences comportementales permettent aujourd’hui de mieux comprendre ces décalages entre les intentions et les comportements. Une réponse se trouve dans le rôle majeur du contexte informationnel. Le consommateur, en effet, fait face à une information abondante, provenant de sources multiples et contradictoires. Comment lui permettre de mieux naviguer dans cet environnement ?
Le développement des téléphones intelligents permet déjà la mise à disposition d’indicateurs plus synthétiques et personnalisés. Quant à la question de la transparence, les blockchains pourraient, à terme, contribuer à restaurer la confiance dans les filières.
Car si le prix est – et restera sûrement – un moteur important des comportements d’achat, une information plus fiable, plus digeste et plus accessible peut contribuer significativement à une meilleure valorisation, à long terme, des productions.
Laure Saulais, professeure, Ph.D. | Département d'économie agroalimentaire et sciences de la consommation