Agro Express

Enseignant et membre de l’Ordre : deux statuts indissociables!

Enseigner, c’est tout un art! C’est aussi une grande responsabilité.

Être enseignant en agriculture, c’est transmettre compétence et savoir à de futurs ouvriers agricoles, technologues agricoles voire de futurs agronomes. Pour s’assurer que les générations futures reçoivent une éducation de qualité, les enseignants doivent suivre les avancées de la science et rester au fait des innovations dans leur domaine.

L’enseignement et la Loi sur les agronomes

De son côté, l’Ordre des agronomes du Québec a pour mandat de protéger le public en mettant en œuvre les moyens nécessaires pour s’assurer des aptitudes et des connaissances de ses membres.

D’ailleurs, saviez-vous que depuis 1973, la Loi sur les agronomes oblige les enseignants à être membres de l’Ordre des agronomes du Québec?

Voici une affirmation qui devrait en surprendre plus d’un puisque l’opinion populaire ne va pas dans ce sens.

L’agronomie est une profession à exercice exclusif. Seuls les membres de l’Ordre, les agronomes, sont habiletés à la pratiquer. L’article 24 de la Loi sur les agronomes présente le champ d’activité de la profession ainsi :

  1. Constitue l’exercice de la profession d’agronome tout acte posé moyennant rémunération, qui a pour objet de communiquer, de vulgariser ou d’expérimenter les principes, les lois et les procédés, soit de la culture des plantes agricoles, soit de l’élevage des animaux de ferme, soit de l’aménagement et de l’exploitation générale des sols arables, soit de la gestion de l’entreprise agricole. (L’utilisation du gras est de l’auteur).

Sa lecture démontre bien que la pratique de l’agronomie dépasse largement la relation entre l’agronome et le producteur ou tout autre client.

De son côté, l’article 28 de la Loi sur les agronomes présente l’exception au principe de l’exclusivité de l’exercice de la profession. Il désigne les personnes qui posent régulièrement des gestes agronomiques sans risquer d’être poursuivies pour exercice illégal de l’agronomie. On y retrouve l’artisan, l’ouvrier agricole, le producteur, le technologue agricole et le chercheur.

L’enseignant ne fait pas partie de cette liste. Pourquoi en serait-il autrement? L’enseignant transmet aux étudiants les connaissances agronomiques pratiques et théoriques nécessaires au travail des futurs  ouvriers agricoles, technologues agricoles et agronomes.

Pour ce faire, l’enseignant met quotidiennement son expertise agronomique au service de ses étudiants, que ce soit dans les salles de cours, dans le cadre des travaux pratiques ou de stages. L’acquisition des compétences par ces derniers nécessite l’usage du jugement professionnel, et ce, afin de nuancer les différentes options qui se présenteront à eux au cours de leur apprentissage.

Le travail dans les serres et dans les champs en est un exemple. Des décisions doivent être prises quant à la fertilisation, à la phytoprotection, au contrôle environnemental du milieu, etc. Ces décisions doivent respecter les normes de pratique généralement reconnues, les règles de l’art, les lois et les règlements. En conséquence, ces tâches reviennent à un agronome et aux étudiants placés sous sa tutelle. En enseignant, nous faisons de l’agronomie!

Technologues : la surveillance d’un agronome est nécessaire

Les établissements d’enseignement qui emploient des technologues agricoles, que ce soit pour enseigner ou garantir le bon déroulement des travaux, doivent s’assurer que ces derniers le font sous surveillance d’un agronome. Cela est d’ailleurs prévu dans la Loi sur les agronomes et dans la Politique générale de surveillance des actes agronomiques. 

La loi prévoit aussi une exemption pour les chercheurs, sans préciser le type de recherches.  Cette exemption ne s’applique pas aux enseignants.

Transmettre son savoir et ses compétences agricoles à une prochaine génération comporte son lot de responsabilités et la première de celles-ci est d’être membre de l’Ordre des agronomes du Québec!

La conseillère juridique,
Me Louise Richard