Connaissez-vous les nanofertilisants?
L’Ordre vous invite à lire l’article ci-dessous. Celui-ci a été rédigé par l’agronome Olivier D’Amours, analyste de recherche en agroalimentaire au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ).
Cet article a été publié en septembre 2017, dans le numéro 24 du bulletin de la Cellule de veille sur les nanotechnologies dans le bioalimentaire.
À quand la commercialisation des nanofertilisants?
Collaboration de M. Olivier D’Amours, analyste de recherche en agroalimentaire, MAPAQ
L’utilisation de fertilisants sous la forme nanométrique a le potentiel d’améliorer l’efficacité d’assimilation des nutriments par les plantes et de minimiser les impacts de la fertilisation sur l’environnement. Malgré les promesses de la nanotechnologie dans le domaine des fertilisants, un manque d’intérêt de l’industrie pour la production et la commercialisation des engrais sous forme nanométrique est constaté. Des chercheurs de l’International Fertilizer Development Center, basé aux États-Unis, abordent le sujet sous la forme de quatre questions qui pourraient être approfondies par le milieu de la recherche afin de susciter de l’intérêt pour les nanotechnologies de la part des fabricants d’engrais.
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Les nanofertilisants sont-ils phytotoxiques?
Les auteurs remarquent que la plupart des études qui arrivent à cette conclusion ont été réalisées dans des conditions très différentes de celles qui prévalent au champ. Plusieurs caractéristiques des sols, telles que le pH, la présence de matière organique, les molécules libérées par les racines des plantes et les microorganismes présents dans le sol, influencent l’effet des nanofertilisants sur les plantes. Les effets toxiques ou bénéfiques des nanofertilisants devraient être évalués au cas par cas, en considérant le type et la dose de nanoparticules, les conditions de croissance et l’espèce végétale ciblée, notamment.
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Quels sont les bénéfices agronomiques des nanofertilisants?
Bien que ce soit les macronutriments (azote, phosphore, potassium) qui, globalement, contribuent davantage au rendement des cultures, la littérature spécialisée sur les nanofertilisants révèle une prépondérance d’études portant sur les micronutriments. Les mécanismes d’action des nanofertilisants sont ainsi moins bien connus pour les macronutriments que pour les micronutriments. Or, la littérature disponible laisse présager de réels avantages agronomiques et environnementaux pour les nanofertilisants de macronutriments, notamment pour l’azote et le phosphore. Cette différence de connaissance entre les nanofertilisants de macronutriments et de micronutriments devrait être comblée afin de susciter l’intérêt des producteurs d’engrais qui, après tout, produisent surtout des engrais de macronutriments.
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Quels types de nanofertilisants produire et comment les appliquer efficacement et sécuritairement?
Différentes méthodes existent pour produire des nanofertilisants à l’échelle expérimentale. La question qui demeure maintenant est de savoir laquelle de ces méthodes est la plus appropriée pour une production industrielle. De même, les besoins d’applications varient selon les types de productions et différentes formes (liquide ou en poudre) peuvent être envisagées. Les effets des nanofertilisants sous forme de poudre sur les humains doivent être étudiés afin de garantir la sécurité du personnel mis en contact avec ces substances lors de leur production et de leur application au champ.
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Quel est le gain économique?
Outre les bénéfices agronomiques pouvant être associés aux nanofertilisants, les coûts de production et autres contraintes économiques associées à la production de masse doivent être abordés. Il est notamment important de considérer qu’il peut être inintéressant pour les fabricants d’engrais de développer un produit plus efficace qui viendrait diminuer les besoins en engrais de sa clientèle. C’est ainsi que les auteurs font remarquer qu’une analyse complète des coûts et des bénéfices de la production de nanofertilisants à l’échelle industrielle est toujours manquante.
Les auteurs de cette revue soutiennent que le milieu de la recherche sur les nanofertilisants doit maintenant considérer les besoins de l’industrie et se questionner sur la façon dont leurs recherches peuvent y répondre.