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Intrusions activistes sur les lieux d’élevage : pas sans conséquence!

L’Ordre des agronomes du Québec et l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec (OMVQ) s’associent pour réagir aux intrusions dans les bâtiments d’élevage qui sont survenus au courant de la dernière année.  L’Ordre des agronomes du Québec remercie l'Association québécoise des agronomes en zootechnie (AQAZ) pour son apport dans sa réflexion. 

À titre de professionnels jouant un rôle de premier plan en matière de gestion des élevages et de bien-être des animaux, les agronomes et les médecins vétérinaires souhaitent sensibiliser le public aux conséquences découlant des intrusions activistes dans les lieux d’élevage.

L’intrusion de militants dans un bâtiment d’élevage est un phénomène relativement répandu en Europe et aux États-Unis. Au Québec, bien qu’elles soient peu courantes, ces intrusions inquiètent grandement les éleveurs. Les personnes qui entrent par effraction sur les lieux d’élevage font souvent partie d’un mouvement qui dénonce soit l’utilisation des animaux par les humains ou encore qui militent pour le droit des animaux. Ils défendent l’idée que les animaux ont une valeur morale et souhaitent l’égalité des espèces.

 

Perçues par ceux qui les font comme moyen de faire avancer la cause animale, ces intrusions ne sont pourtant pas sans conséquence pour la santé et le bien-être des animaux. Plutôt que d’encourager ces actions activistes, les défenseurs des droits des animaux et la population de façon générale devraient les dénoncer.

 

En effet, les fermes d’élevage sont des lieux de routine : les animaux sont habitués à un horaire de soins et sont surtout familiers aux personnes qu’ils côtoient au quotidien. L’intrusion de personnes inconnues et surtout d’un groupe de personnes modifie leur comportement et génère des situations qui peuvent être graves. Les animaux surpris par l’arrivée d’inconnus deviennent très nerveux. Par exemple, une truie qui est agitée, parce qu’elle a peur, peut écraser ses porcelets, ou encore, des porcs peuvent se bousculer et s’infliger des blessures.  Une intrusion dans un bâtiment d’élevage provoque un épisode de stress important qui affecte le bien-être des animaux.

 

De plus, le non-respect des mesures de biosécurité par les intrus entraine des risques importants pour la santé des animaux.  Les éleveurs du Québec ont mis en place diverses mesures et procédures pour prévenir l’entrée sur leur ferme d’agents pathogènes. Ils invitent les visiteurs autorisés à respecter des règles précises avant de les admettre sur leur ferme. L’entrée dans un bâtiment d’élevage d’un groupe de personnes ne respectant pas les règles de biosécurité, augmente de façon très importante le risque d’introduction de virus ou d’agents pathogènes pouvant provoquer de graves problèmes de santé ou des infections. Le cas échéant, l’éleveur devra avoir recours à l’utilisation de produits vétérinaires ou dans les situations plus graves, il devra se résoudre à dépeupler son élevage pour tenter d’éradiquer la maladie. Quel que soit le scénario auquel fera face le producteur, l’impact sur la santé des animaux est majeur et ceux sur la santé financière de l’éleveur risquent d’être aussi très importants. 

Les mouvements de protection des animaux se soucient du respect des règles entourant le traitement des animaux. Certains de ceux qui s’opposent à l’utilisation des animaux par les humains adoptent parfois des stratégies discutables ou contestables pour faire valoir leur vision. Ils utilisent « la légitimité morale » pour mener leurs actions qui vont de la désobéissance civile à l’intrusion sur des sites d’élevage pour une question d’efficacité « médiatique ».

 

L’Ordre des agronomes du Québec et l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec sont d’avis que les auteurs de toute manifestation intrusive ignorent les conséquences dangereuses que leurs actions ont (ou peuvent avoir) à la fois sur les animaux et sur les éleveurs. La remise en question du traitement des animaux destinés à l’alimentation, des animaux de compagnie et des animaux de loisirs est noble et nécessaire. Cependant, que ce soit sur le plan humain, social ou animal, l’Ordre des agronomes et l’Ordre des médecins vétérinaires considèrent que les façons de manifester et de s’exprimer doivent respecter le droit de propriété, le bien-être et la santé animale ainsi que les lois qui régissent notre société. Le bien-être animal est un débat qui nécessite une concertation éclairée entre les intervenants du milieu, les éleveurs, les professionnels de l’agriculture et le citoyen.  Ainsi, nous invitons tous les défenseurs de la cause animale à reconnaitre le travail nourricier des éleveurs et à encourager les actions qui favorisent le dialogue afin de proposer des idées nouvelles qui pourraient, potentiellement être intégrées aux méthodes d’élevage.  

 

Nous reconnaissons que le droit à la contestation existe et est nécessaire, cependant nous dénonçons les manifestations ou les actions non respectueuses qui prétendent vouloir protéger les animaux et qui le font dans l’ignorance totale des répercussions de leurs actions.