Bilan de 2018 et regard sur 2019
2018 a été marquée par de nombreux évènements sociaux, politiques et environnementaux. Pour l’Ordre des agronomes du Québec, l’année 2018 a aussi été très bien remplie et il est coutume de vous présenter, en début d’année, un résumé des dossiers et des actions de l’Ordre au cours de 12 derniers mois. Cette année, Pascal et moi souhaitons plutôt faire un retour sur les dossiers et projets qui seront au cœur des actions de l’Ordre au cours de 2019.
1) L’indépendance professionnelle
En septembre dernier, l’Ordre publiait les résultats de son enquête sur la rémunération des agronomes. L’Ordre confiait à son comité sur l’indépendance professionnelle le mandat d’évaluer les risques de pertes d’indépendance liés aux divers programmes de rémunération et de produire des recommandations au conseil d’administration sur les programmes de rémunération des agronomes et leurs aspects éthiques et déontologiques. Les travaux du comité permettront à l’Ordre de développer un arbre de décisions et/ou un outil d’évaluation des risques de perte d’indépendance professionnelle liés à la rémunération des agronomes dans le but de vous accompagner dans votre pratique. Ces outils pourraient également être utilisés lors des inspections professionnelles et par le bureau du syndic.
2) La phytoprotection
Février 2018 marquait l’entrée en vigueur de la refonte du Code de gestion des pesticides et de l’obligation pour les agriculteurs d’obtenir une prescription agronomique pour procéder à l’achat d’Atrazine. Au printemps 2019, il sera obligatoire d’obtenir une prescription pour l’achat des 5 molécules identifiées dans la règlementation. Je vous rappelle que les agronomes ont l’obligation de justifier leurs recommandations pour l’ensemble des produits utilisés en phytoprotection.
La mise sur pied du comité de suivi de la mise en œuvre des exigences règlementaires relatives à la justification et à la prescription agronomiques fait suite aux questionnements soulevés par plusieurs intervenants sur l’indépendance professionnelle des agronomes œuvrant en phytoprotection. 2019 sera marquée par les résultats des premiers travaux de ce comité. De plus, l’Ordre s’est engagé à déployer des ressources supplémentaires pour s’assurer du succès de la mise en route des nouvelles normes de pratiques en phytoprotection.
3) La relation agronome-technologue
L’Ordre des agronomes du Québec a adopté, il y a près de 15 ans, sa Politique générale concernant la surveillance des actes agronomiques. Cette politique a été mise en place pour assurer que les technologues puissent réaliser certaines portions d’un acte agronomique et/ou certains actes agronomiques en toute légalité. Vous comprendrez, qu’en vertu de l’article 28 c) de la Loi sur les agronomes, qu’un technologue professionnel réalisant en tout ou en partie un acte agronomique sans surveillance d’un agronome se retrouve dans une situation de pratique illégale de l’agronomie. L’entente est à la base un plan d’action (ou protocole d’interventions) convenu entre agronome et technologue afin de baliser et définir les paramètres avec lesquels un technologue professionnel pourra réaliser certaines portions d’un acte agronomique ou certains actes agronomiques. L’entente protège, sans limiter la responsabilité professionnelle de chacun, à la fois l’agronome et le technologue en définissant le champ et les limites d’interventions de chacun. Les balises incluses dans ce protocole varient en fonction de l’expérience et de l’expertise du technologue. C’est avec surprise qu’au mois de février 2018, nous avons été témoins de la réaction de l’Ordre des technologues professionnels à la mise en place de la refonte de la règlementation provinciale sur les pesticides.
Les modifications apportées au Code de gestion des pesticides semblent avoir soulevé une vague de mécontentements chez les technologues agricoles. Nous avons alors fait part à l’Ordre des technologues professionnels de notre volonté de reprendre les discussions avec lui. Nous souhaitons qu’elles reprennent au cours des prochaines semaines. Nous espérons trouver une solution satisfaisante pour l’agronome et le technologue.
En décembre dernier, le conseil d’administration de l’Ordre a mis sur pied un comité qui aura pour mandat de revoir les discussions qui ont eu lieu entre nos deux ordres et préparer une nouvelle série de rencontres avec l’Ordre des technologues professionnels. Nous le savons tous, agronomes et technologues travaillent en équipe pour le plus grand bénéfice des producteurs agricoles. Nous souhaitons vivement pouvoir parvenir à une entente avec l’Ordre des technologues professionnels avant la fin de 2019.
4) Les actes agronomiques en financement agricole
La Loi sur les agronomes définit de façon large les actes réservés en gestion et financement agricole. Le projet de refonte de la Loi sur les agronomes offre une meilleure définition : « L’exercice de l’agronomie consiste également (…) à exercer, en utilisant des critères à la fois techniques et économiques qui sont choisis en faisant appel à des connaissances qui relèvent de l’exercice de l’agronomie, une activité d’interprétation, d’analyse ou de conseil en matière de gestion d’une entreprise agricole. »
Cette définition, bien que plus précise que celle retrouvée dans la loi actuelle, doit être clarifiée. L’Ordre entreprend en 2019 des travaux importants qui permettront de clarifier le cadre d’intervention des agronomes en gestion et financement agricole et à l’Ordre d’exercer son mandat de protection du public dans ce secteur d’activités névralgique de l’agriculture et de l’agroalimentaire.
5) L’agriculture urbaine
L’agriculture en milieu urbain accompagne le citadin depuis aussi longtemps que les villes existent. L’Ordre des architectes du Québec a publié un état des lieux de l’agriculture urbaine à l’été 2017 que je vous invite grandement à lire. Pour diverses raisons, l’agriculture en milieu urbain a presque disparu. Depuis quelques années, le citadin tente de se réapproprier une agriculture de proximité. Plusieurs villes du Québec offrent diverses options à leurs citadins allant du jardin communautaire à la garde de poules à leur domicile. L’agriculture urbaine est une agriculture où l’agronome est virtuellement presque toujours absent. Au cours des 2 dernières années, nous avons investi de nombreux efforts afin d’ouvrir les dialogues avec les municipalités du Québec (Fédération des municipalités du Québec et Union des municipalités du Québec) et de mettre en valeur l’expertise de l’agronome. En novembre 2018, Pascal s’est joint au conseil d’administration de Réseau Cultiver Montréal avec pour objectif de faire connaitre aux intervenants en agriculture urbaine que l’expertise d’un agronome serait un atout important pour la mise sur pied et le succès des divers projets d’agriculture urbaine. La réception des intervenants du Réseau Cultiver Montréal à la présence de l’Ordre est positive et de belles initiatives de collaboration avec les organismes locaux devraient en découler.
6) Le respect du champ de pratique de l’agronome
Depuis toujours, l’Ordre fait de nombreux efforts pour faire reconnaitre les champs de pratique des agronomes. Au cours de l’année 2018, nous avons réorienté nos actions pour assurer le respect des actes réservés aux agronomes :
-
- Confier au bureau du syndic les enquêtes en pratique illégale,
- Programmer des rencontres avec les employeurs pour s’assurer que les postes qui doivent être occupés par des agronomes sont effectivement occupés par des agronomes.
Le respect des actes réservés aux agronomes est un volet important de la protection du public, les employeurs ignorent parfois la portée du champ de pratique de l’agronome et donc l’Ordre investira davantage de ressources pour faire connaitre et respecter le champ d’activités des agronomes.
7) La refonte de la Loi sur les agronomes
L’automne 2018 a été marqué par l’arrivée d’un nouveau gouvernement. Nous espérons profiter de ses quatre années au pouvoir pour compléter le cycle de mise à jour de la loi sur les agronomes. Nous reprendrons au cours de la prochaine année nos démarches auprès des diverses instances gouvernementales pour souligner la nécessité de la mise à jour de notre Loi.
8) Agir en sentinelle pour la prévention du suicide – Déclinaison agricole
L’implantation d’un réseau québécois de sentinelles (déclinaison agricole) vise à rejoindre la clientèle agricole à risque, souvent isolée qui manque généralement de soutien social. Ainsi, la formation Sentinelle permet d’outiller les intervenants auprès des agriculteurs pour les aider à reconnaitre les signes précurseurs des comportements suicidaires et ensuite diriger la personne vers les ressources d’aide appropriées. L’Ordre des agronomes a inclus cette formation dans son programme de formation continue, nous reconnaissons l’importance de cette formation pour les agronomes qui sont en lien étroit avec les producteurs.
9) Le consommateur
Les agronomes que nous sommes ont tendance à oublier que chacun des actes que nous posons a un impact dans l’assiette du consommateur. Il va au-delà de la disponibilité d’une grande variété d’aliments produits au Québec. Nos conseils et recommandations en environnement, en productions végétale et animale et en transformation des aliments ont un impact important et méconnu sur la santé de nos concitoyens. Notre mission est de protéger le public, mais celui-ci ignore notre rôle dans son approvisionnement alimentaire. Nous devons accroitre la cohérence de nos actions avec les besoins et les exigences de nos consommateurs et s’assurer que celui-ci comprend bien notre rôle.
Notre prochain congrès annuel portera justement sur l’influence du consommateur en agronomie. Nous vous invitons à y assister les 3 et 4 octobre 2019, à Saint-Sauveur-des-Monts, dans la région des Laurentides.
10) Le mot de la fin
Voici quelques-uns des dossiers qui sont dans l’agenda de l’Ordre au cours de la prochaine année. En tant que président et vice-président, nous vous invitons à nous faire connaitre votre opinion sur un ou plusieurs de ces dossiers.
Le président, Le vice-président,
Michel Duval, agr. Pascal Thériault, agr., M. Sc.