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Plan de phytoprotection ou recommandation ponctuelle : démarche à suivre pour s’assurer de son indépendance professionnelle

Voici le troisième article de la démarche de sensibilisation de l’Ordre des agronomes du Québec portant sur l’indépendance professionnelle et le conflit d’intérêts lui étant relié.

Cet article établit clairement quelle démarche l’agronome doit suivre  lors de l’élaboration du plan de phytoprotection ou lorsqu’il émettra une recommandation ponctuelle durant la saison de culture 2017. L’Ordre tient à vous rappeler qu’en suivant cette démarche, vous vous assurerez de votre indépendance professionnelle.


Depuis janvier 2016, l’Ordre des agronomes du Québec rendait disponible aux agronomes la Grille de référence de l’Ordre sur l’élaboration d’un plan de phytoprotection ou d’une recommandation ponctuelle. Depuis sa parution, plusieurs organismes ont invité l’Ordre à participer à des évènements afin de présenter aux agronomes et aux producteurs agricoles le contenu et l’application de la Grille de référence en phytoprotection.

La Grille de référence en phytoprotection : une démarche professionnelle

La Grille de référence en phytoprotection propose une démarche professionnelle consistant à élaborer un diagnostic phytosanitaire, à analyser et à interpréter les données recueillies, les observations au champ et à faire des recommandations agronomiques et environnementales en phytoprotection. La grille est fondée sur une approche globale. Elle vous permet de recommander diverses méthodes directes ou indirectes de lutte intégrée des ennemis des cultures, qu’elles soient biologiques, mécaniques, physiques ou chimiques.

La grille de référence détermine les règles de l’art en phytoprotection et identifie des éléments que l’agronome doit considérer lorsqu’il élabore un plan de phytoprotection ou une recommandation ponctuelle. Parmi ces éléments, l’agronome doit notamment choisir, lorsqu’applicable, des pesticides à risque réduit sur l’environnement et la santé, et ceci à l’aide de l’outil SAgE pesticides[1] ou d’autres documents pertinents. L’agronome doit consigner dans le dossier du client les recommandations en phytoprotection ainsi que les éléments agronomiques qui les justifient.

Le plan de phytoprotection : un outil pour le producteur agricole

L’Ordre encourage les agronomes à promouvoir le plan de phytoprotection auprès des producteurs agricoles. Ces derniers décideront, sur une base volontaire, de se faire élaborer ou non un plan de phytoprotection par leur agronome. Par contre, le producteur client qui a recours à un agronome pour se faire élaborer une ou des recommandations ponctuelles en phytoprotection doit savoir que cet agronome est soumis aux exigences de la Grille de référence en phytoprotection.

Mais quelle est l’utilité du plan de phytoprotection pour le producteur agricole?

En fait, le plan de phytoprotection est un outil pratique pour le producteur agricole. Il lui permet, au fil des années et avec l’accompagnement de l’agronome, d’acquérir et de documenter des données, des observations, des problématiques phytosanitaires, des causes associées et des interventions efficaces et applicables aux diverses situations de l’entreprise agricole. L’amélioration des pratiques culturales et des interventions phytosanitaires passe nécessairement par une meilleure consignation des informations (tenue de dossier) liées à la phytoprotection qui sont spécifiques à l’entreprise agricole. Cette dernière bâtit son dossier en phytoprotection. Celui-ci lui sera d’une grande utilité pour améliorer ses interventions phytosanitaires.  À cet égard, l’agronome a une responsabilité importante dans la  tenue des dossiers de leurs clients. Rappelons que le dossier en phytoprotection appartient au client et qu’il est en droit d’exiger qu’il soit complet. Une tenue de dossier rigoureuse est donc nécessaire.

L’Ordre encourage toutes les organisations offrant des services-conseils en phytoprotection à développer des outils informatisés afin de faciliter la tenue des dossiers des agronomes.

Modèle du plan de phytoprotection

Le modèle du plan de phytoprotection que l’Ordre des agronomes du Québec propose est pragmatique et simple. Il comprend quatre sections :

  1. Identification de l’entreprise
  2. Principaux éléments découlant du diagnostic phytosanitaire
  3. Recommandations en phytoprotection a priori de la saison de culture ou celles ponctuelles comprenant un minimum d’informations (no de la parcelle, type de culture, superficie traitée, problème phytosanitaire, type de traitement, taux d’application, volume de bouillie, stade d’application, etc.)
  4. Feuillets d’information et recommandations pour protéger l’environnement ou la santé humaine

Dans le cadre de l’élaboration d’un plan de phytoprotection ou d’une recommandation ponctuelle, l’agronome doit  passer en revue les éléments suivants avec le client :

  • Objectif et besoin du client
  • Registre des interventions phytosanitaires
  • Conformité du permis et / ou du certificat pour la vente et l’utilisation de pesticides
  • Distances d’éloignement des zones à risque environnemental (feuillet d’information)
  • Respect du contenu de l’étiquette du ou des pesticides recommandés
  • Cultures antérieures, actuelles et projetées
  • Problèmes phytosanitaires antérieurs et en cours
  • Suivi de l’efficacité des interventions phytosanitaires

L’Ordre est convaincu qu’en suivant la démarche d’élaboration du plan de phytoprotection ou d’une recommandation ponctuelle les agronomes s’assureront d’éviter les pièges du conflit d’intérêts (réel ou apparent) et, ainsi, de conserver leur indépendance professionnelle.

Le conseiller en pratique professionnelle,
Raymond Leblanc, agr., M. Env., MBA

[1] SAgE pesticides : un outil de décision pour faire des choix raisonnés et sécuritaires des produits phytosanitaires homologués. [En ligne]