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ApiProtection : Un utilitaire pour géolocaliser les ruchers et favoriser leur protection

En agriculture, la protection des pollinisateurs est une préoccupation importante puisque les pratiques agricoles peuvent avoir un impact direct sur ceux-ci et, notamment, sur les abeilles. Les agronomes ont à cœur la protection des pollinisateurs, mais comment peuvent-ils les protéger s’ils ne savent pas où ils se trouvent? 

C’est dans cette optique qu’un projet pilote mené par le Centre de recherche en sciences animales de Deschambault (CRSAD), en collaboration avec les directions régionales du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) de la Chaudière-Appalaches et de la Capitale-Nationale, est actuellement en cours. Il s’agit du développement d’une application de géolocalisation des ruchers appelée « ApiProtection ». Dans une première étape, les apiculteurs de ces régions seront invités à localiser leurs ruchers sur l’application informatique. Cette étape est essentielle, car pour protéger les abeilles, il faut savoir où elles se trouvent. Les apiculteurs pourront, à ce stade, décider si ces informations seront diffusées en mode public (ApiProtection et Info-Sols) ou semi-privé (pour les agronomes seulement, pour les vétérinaires du réseau sentinelle du MAPAQ seulement ou pour les conseillers et les vétérinaires en même temps). 

L’application permettra aux agronomes d’avoir un outil afin d’informer les apiculteurs des traitements phytosanitaires à proximité de leurs ruchers et ainsi d’en favoriser la protection. Grâce à l’application, le conseiller pourra facilement consulter l’emplacement des ruchers et aviser le producteur apicole s’il y a des applications de pesticides (particulièrement les insecticides) prévus dans ce secteur. 

La protection des pollinisateurs est une priorité pour tous et c’est pourquoi il faut outiller adéquatement les conseillers agricoles. Cette application sera disponible au printemps 2018 pour les régions de la Chaudière-Appalaches et de la Capitale-Nationale. Si la réponse est positive, il sera possible d’y d’intégrer les autres régions du Québec peu après. 

En plus de pouvoir prévenir les effets néfastes des pesticides sur les pollinisateurs, l’agronome pourra proposer à l’agriculteur des aménagements favorisant la biodiversité. En sachant qu’il y a de nombreux ruchers dans un secteur, il est possible de collaborer au maintien des populations de pollinisateurs en leur fournissant notamment des sites de butinage et des sources d’eau de qualité. Déjà plusieurs agriculteurs de nos régions ont fait l’aménagement de bandes riveraines diversifiées, d’îlots fleuris, de brise-vent et même d’étangs! 

Cette collaboration est une première au Québec et nous souhaitons qu’« ApiProtection » puisse bénéficier autant aux apiculteurs qu’aux producteurs de grandes cultures. Les pollinisateurs sont nos piliers pour de nombreuses cultures et permettent la pollinisation des fruits et légumes. Leur santé est donc directement liée à ce que l’on retrouve dans notre assiette!

Ce projet a été réalisé en vertu du sous-volet 3.1 du programme Prime-Vert 2013-2018 et il a bénéficié d’une aide financière du MAPAQ.

Nicolas Tremblay, agr., conseiller apicole provincial, Centre de recherche en sciences animales de Deschambault 

Annie Goudreau, agr., conseillère en agroenvironnement, MAPAQ