Agro Express

Les agronomes, au cœur des changements climatiques

(Nouvelle publiée par Le Bulletin des agriculteurs)

« Les effets des changements climatiques ne sont plus un concept abstrait et ils sont aujourd’hui bien réels », dit le président de l’Ordre des agronomes (OAQ), René Mongeau, au lendemain du congrès de cet ordre professionnel sous le thème « Changements climatiques : réflexions et actions agronomiques ». L’évènement avait lieu les 15-16 septembre derniers à Québec et réunissait 400 personnes, dont une centaine de participants via le web.

Quatorze ans plus tôt, l’OAQ tenait un congrès sur ce même thème. Mais depuis, la saison de croissance a allongé de deux à quatre semaines, dépendant des endroits au Québec. Épisodes de chaleurs extrêmes, régime pluvial changeant, redoux, arrivée de nouveaux insectes… Les années se suivent et établissent des records de chaleur, 2016 battant 2015, 2014 battant 2013, etc. « On dirait que le phénomène fonctionne comme des intérêts composés », a indiqué Alain Bourque, directeur général du consortium sur la climatologie régionale et l’adaptation aux changements climatiques, Ouranos.

Les changements climatiques vont permettre entre autres de cultiver plus de maïs et de soya au Québec. Mais cet accroissement se fera-t-il avec l’utilisation de plus d’intrants comme des pesticides au moment où le gouvernement en réglemente l’usage? Lors d’une table ronde, Robert Deschamps, directeur des usines québécoises de Bonduelle a expliqué comment l’entreprise a mis au cœur de sa stratégie d’affaires l’adaptation aux changements climatiques. « On mise sur le travail minimum du sol, l’augmentation de la matière organique et la réduction d’intrants », a indiqué le représentant de la multinationale française dont le portefeuille de légumes surgelés génère 2,5 milliards $ de chiffre d’affaires par année et qui a le pied dans 12 pays.

Selon le président de l’UPA, Marcel Groleau, le mot clé dans l’adaptation aux changements climatiques est « l’accompagnement aux producteurs ». D’où le rôle crucial des agronomes qui servent de trait d’union entre la science et les agriculteurs. Des pistes de solutions existent, notamment pour augmenter la matière organique des sols et la réduction d’engrais azoté qui contribue aux émissions de GES, a indiqué Dre Anne Vanasse. « Il faut promouvoir les bénéfices des cultures de protection dans les systèmes de production », a souligné l’agronome et professeur à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation, Université Laval.

Les intervenants à cette même table ronde sur l’adaptation aux changements climatiques et la réduction des GES ont déploré, tant à Ottawa qu’à Québec, l’absence de participation des producteurs et du secteur agroalimentaire dans la lutte aux GES par l’entremise d’une bourse de carbone. Grâce au marché, les producteurs pourraient être payés pour décarboniser l’économie québécoise et canadienne en stockant par exemple la pollution dans le sol, la matière organique étant un formidable puits de carbone.

Lors de leur congrès, les agronomes se sont aussi penchés sur l’effet qu’auront les changements climatiques sur la production et le bien-être animal, par exemple durant les épisodes de grosses chaleurs soutenues. Rappelons que le Québec est la province laitière du Canada et le premier exportateur de viande de porc au pays et compte aussi un important cheptel de volailles.

Le Bulletin des agriculteurs publiera dans son édition de novembre un article sur les enjeux climatiques et leurs impacts sur l’agriculture.

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